Programme pour cet été : un fauteuil pliant installé sur la falaise de La Franqui, sous un pin, face à la Méditerranée. Une bouteille de rhum à portée de la main. Une pile de bouquins choisis avec discernement. Des histoires de voyages et de courage, écrites à une époque où la Terre n'était pas quadrillée par des satellites à la solde de Google Earth. Pour aller voir Douz, la porte du Sahara, il fallait un minimum d'investissement personnel, il ne suffisait pas d'aller réserver un vol low cost sur Internet. Il valait mieux préférer le brodequin à la tong, la boussole au Guide du routard, et dans la trousse de soins, mettre quinine, morphine et pénicilline plutôt que Doliprane et Ultralevure.
Henry de Monfreid (1879-1974). Marin, pêcheur de perles, trafiquant d'armes, contrebandier, espion pour l'Armée française pendant la Première Guerre mondiale, membre des Croix-de-Feu, allié aux troupes italiennes de Mussolini pendant la Seconde, converti à l'Islam sous le nom d'Abd el Hai ("Esclave du vivant"), opiomane, auteur de 75 ouvrages. Une vie passionnée et passionnante.
Raymond Rallier du Baty (1881-1978). Présent aux côtés de Charcot lors de sa première expédition vers le Pôle Sud, avant qu'on ait inventé les Damart. Explorateur des îles Kerguelen et, accessoirement, patriote, puisqu'il interrompra sa deuxième expédition là-bas pour rallier la France en apprenant la déclaration de la guerre de 14.
André Malraux (1901-1976). Antifasciste, résistant, anticolonialiste. Pour moi, le moins sympathique des trois, parce que, quand même, aller en Indochine avec de faux ordres de mission scientifique pour piquer des bas-reliefs sur des temples et les revendre, ça manque d'élégance. Et puis trop copain avec De Gaulle. Trop opportuniste, trop mégalomane, trop "homme politique", quoi. Mais un écrivain de talent. Le Perken de "La Voie royale" n'est pas sans rappeler le colonel Kurtz d'"Apocalypse Now".