Ce matin en allant au boulot en deux-roues, il m'est arrivé un drôle de truc : j'ai croisé un motard et il m'a fait le salut des motards.
Une fois ma surprise passée, j'ai examiné sereinement les faits pour essayer de comprendre. Voici les éléments essentiels de l'affaire :
a) Le véhicule. Lui était sur une grosse japonaise carénée, même pas un modèle ancien remis au goût du jour comme une Bonneville. J'étais sur un Vespa PX des années 80. Avec un gros autocollant Spiderman sur le tablier.
b) Le lieu de la rencontre. Ca s'est passé en ville. On se serait croisé au milieu du désert de Gobi, j'aurais pu comprendre qu'il me fasse un signe discret pour manifester sa joie de rencontrer un être vivant. Dans ces conditions, je lui aurais peut-être même répondu. Hmm, non, finalement.
c) Les vêtements. Lui portait la totale, les grosses bottes, la combinaison en cuir multicolore avec armature et renforts en métal partout, même aux abords du Soleil il n'aurait pas été écrasé par la gravité. Moi j'avais un jean Levi's, une veste Beaumont de chez Farah Vintage et des wallabees Clarks. Deux univers assez éloignés, non ?
Alors pourquoi est-ce que ce gars m'a fait le salut des motards ? Je n'aime pas les motards, moi. Je n'ai pas vraiment de raison, j'ai un peu honte. Disons que leur sens de l'esthétisme est très éloigné du mien. Le pire, c'est les BD consacrées à la moto : il n'y a rien à sauver, c'est débile, mal dessiné. Et puis de toute façon, même si j'étais motard, c'est quoi cette façon de se saluer sans arrêt, sans se connaître ? C'est comme si en allant faire mes courses, je faisais un geste amical à chaque personne qui pousse un caddie comme moi.
Bref, il ne le saura jamais mais, en me saluant, ce type a gâché ma journée.
Un document rare qui montre que les soldats allemands, avec leur politesse légendaire, poussaient très loin la notion de salut à un congénère motocycliste.
