De retour de quelques jours passés à Dublin. Tous les clichés étaient au rendez-vous : les habitants sont roux, ils s'enfilent des pintes de Guinness toute la journée en écoutant de la musique traditionnelle irlandaise, ils s'enthousiasment pour un drôle de football qui se joue avec les mains, ils croient en l'existence de créatures bizarres comme les leprechauns ou les banshees. J'aurais été déçu qu'il en soit autrement. Moi, j'aime bien les clichés. Quand je vais en Bretagne, je veux que les gens aient des chapeaux ronds ; quand je vais en Italie, je veux que les gens parlent en gesticulant ; quand je vais au Sénégal, je veux que les gens portent des boubous colorés. C'est bien, les clichés, n'en déplaisent aux bien-pensants qui voudraient fondre tous les peuples dans un melting-pot insipide. Ce n'est pas en faisant disparaître les races qu'on éliminera le racisme. Je ne pense pas qu'on ait beaucoup à gagner en absorbant la culture et les particularités de chaque peuple pour les fondre dans un fourre-tout global véhiculé par Internet et la télévision. Mais revenons à nos moutons (irlandais bien sûr, dont la laine permet de fabriquer de très beaux pulls shetland. Encore un cliché).
Trinity College. Le monsieur statufié, c'est le mathématicien George Salmon, prévôt de Trinity College, connu pour son opposition farouche à l'entrée des femmes dans ce vénérable établissement. Il a démontré qu'il existait 27 lignes droites sur une surface cubique, ce qui laisse peu de temps pour s'occuper des gonzesses ; ceci doit expliquer cela. Pour la petite histoire, il est mort peu après que la première femme soit inscrite à Trinity College, en 1904. Et toc.
Du haut de ces rayonnages, 200000 ouvrages vous contemplent.
The Hugh Lane Gallery.
L'atelier de Francis Bacon, déménagé de Londres et reproduit à l'identique dans le musée, par des historiens de l'art. Qui devaient être aussi un peu éboueurs sur les bords.
Monument commémoratif de la grande famine qui a dévasté l'Irlande à partir de 1845, faisant un million de morts.
Du coup, de nombreux Irlandais ont choisi d'émigrer vers les Etats-Unis, le Canada, l'Amérique du Sud. Che Guevara était d'origine irlandaise, tiens ! Le Jeanie Johnston était l'un des navires conduisant les partants vers un monde meilleur. 6 semaines de traversée, pour l'équivalent de 6 moix de salaire moyen de l'époque. A bord, une discipline de fer, interdiction de parier, de jurer, de cracher, de se battre. On est loin des croisières Costa. On peut aujourd'hui en visiter cette réplique parfaite.
Lia Fâil, la Pierre du Destin, sur la colline de Tara, l'un des hauts lieux de la mythologie celtique irlandaise. Quand vous arrivez là-bas et que vous dites que votre petite fille se prénomme Tara, le succès est garanti.
Tombe mégalithique à couloir.
This is very GUD...
Le tumulus de Newgrange, sépulture de 85 m de diamètre, datant de 3200 avant J.-C.
A chaque solstice d'hiver, le 21 décembre à 9h17 pétantes, le soleil entre par l'ouverture au-dessus de la porte et vient éclairer la chambre funéraire pendant une quinzaine de minutes. Comme dans Indiana Jones.
Le petit port de pêche de Howth.
Passage obligé à "Casa Rebelde"...
... pour acheter l'un des derniers t-shirts Casual Connoisseur.
Vous seriez déçus de ne pas voir quelques pintes.
La concurrente de la Guinness. Se prononce "Smiziks". D'où cet audacieux jeu de mots : "en avant la Smithwicks !"
Un livre, c'est déjà un voyage. Alors emporter un bon bouquin en voyage, ça élève le plaisir au carré.
Une affiche de propagande pour convaincre les Irlandais de s'engager dans l'armée anglaise lors de la guerre de 14-18. On verra plus bas que ce qui semblait une bonne idée, n'en était pas une.
Le château de Dublin, symbôle du pouvoir anglais du 13ème au début du 20ème siècle.
Pendant la Première guerre mondiale, les appartements royaux ont été convertis en hôpital pour les blessés de guerre. Ceux-là sont un peu particuliers : il s'agit d'indépendantistes irlandais qui attendent d'aller mieux pour pouvoir être fusillés.
Cathédrale de Saint Patrick.
Des volontaires irlandais ont combattu aux côtés des Alliés pendant les deux guerres mondiales. Mais à leur retour, ils ont été considérés comme des collabos à la solde de l'occupant anglais par la grande majorité de la population, ce qui explique que tous les monuments aux morts, tous les hommages à ces soldats sont cachés dans des édifices religieux, pas catholiques mais protestants, comme ici dans Saint Patrick.
Quand un régiment de la glorieuse armée de sa non moins glorieuse Majesté est dissous, son étendard est suspendu, jusqu'à ce qu'il parte complètement en poussière. Joli symbole.
Full Irish breakfast, presqu'aussi riche que Fury Magazine, mais plus digeste.
Un vieux Land collerait mieux dans le décor qu'une quelconque berline moderne mais bon...
Et pour justifier le jeu de mots audacieux du titre, deux flyers pour des soirées hebdomadaires dans des pubs consacrées à la musique jamaïcaine.